Le chauffage électrique, talon d’Achille ou idée reçue ? - Sfen

Le chauffage électrique, talon d’Achille ou idée reçue ?

Publié le 31 janvier 2017 - Mis à jour le 28 septembre 2021
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Le redoux et le printemps arrivent faisant presque oublier qu’il y a quelques semaines la France faisait face à une vague de froid mettant à rude épreuve son système électrique. Si cet épisode de tension a démontré la nécessité de disposer d’une énergie programmable comme le nucléaire, certains ont pointé du doigt le chauffage électrique, responsable selon eux des tensions sur le réseau. Une idée reçue explique Chantal Degand, experte chez EDF.  

Le chauffage électrique est-il responsable de la pointe ?

Chantal Degand – En période de froid, on constate une consommation accrue, toutes énergies confondues, pour se chauffer. D’un côté, les énergies qui se stockent comme le charbon, le bois et le fioul. De l’autre, les énergies qui passent par le réseau comme le gaz et l’électricité.

Les « pics » de consommation concernent les énergies en réseau et désignent des appels de puissance et de consommation plus forts à certains moments de la journée. 


Le chauffage électrique des logements explique seulement environ 25-30 % de la pointe.


Lors de la précédente vague de froid en février 2012, le pic a atteint 102 GW. Selon RTE, la part du chauffage électrique n’était alors que de 37 %. On comprend donc que la puissance appelée pour le chauffage est constante toute la journée et n’intervient pas spécifiquement à l’heure de pointe.

Ce sont les autres usages résidentiel et tertiaire – informatique, télévision, appareils, etc. – qui sont à l’origine du pic de 19h. En rentrant chez eux, les ménages allument l’éclairage, utilisent la cuisson, regardent la télévision, démarrent la machine à laver, etc. D’où l’importance des politiques d’efficacité énergétique pour réduire la consommation d’électricité par usage. Cela passe notamment par le remplacement des lampes à incandescence par des leds, nettement plus économes en énergie. 

Y a-t-il trop de chauffage électrique en France ? 

CD –La consommation  du chauffage électrique représente une part modérée dans la consommation globale de chauffage : 15 % en France[1]. Dit autrement, l’électricité permet de disposer d’une consommation unitaire très faible. Contrairement à une idée reçue, l’électricité n’est pas plus chère que le gaz. Si le gaz est plus compétitif en euro par kilowattheure, les logements équipés au gaz consomment plus d’énergie qu’un logement utilisant de l’électricité pour se chauffer ! La consommation de chauffage électrique est de 19 kwh d’énergie finale par m2 et par an et de 40 pour le gaz en logement neuf.

Les chauffages électriques consomment énormément… ne faut-il pas mieux privilégier le gaz ?

CD – La consommation de chauffage – toutes énergies confondues –  a baissé de 55 % depuis les années 70. Les logements chauffés à l’électricité (mono ou bi-énergies) sont aujourd’hui mieux isolés que la moyenne du parc et consomment près de 4 fois moins d’électricité pour leur chauffage que la moyenne des logements existants ne consomme d’énergie pour se chauffer.

Aujourd’hui, la réglementation thermique (RT2012) ne permet pas d’avoir le choix des énergies en logement collectif puisque toutes les nouvelles constructions sont orientées vers le gaz.


Même au moment de la pointe, l’électricité tous usages confondus émet deux fois moins de CO2 que le gaz


De plus, le déploiement d’équipements performants ouvre de nouvelles perspectives. Aujourd’hui, les radiateurs électriques sont pilotables à distance et sont programmables en termes de variation de puissance appelée. Ces radiateurs peuvent être mobilisés soit par chacun des ménages soit demain avec le compteur intelligent Linky pour baisser en puissance et donc atténuer cette pointe liée à des usages incompressibles. 

Les pompes à chaleur aussi évoluent et permettent d’atteindre des niveaux de consommations électriques très bas à des coefficients de performance de plus en plus élevés. Ainsi, une PAC peut restituer 4KWh de chaleur pour 1KWh électrique consommé, utilisant l’énergie de l’air ou du sol. Les consommations électriques associées à ce mode de chauffage sont divisées par 4.

Toutes ces innovations contribuent à réduire les consommations d’énergie des logements et des équipements, tout en bénéficiant d’une électricité bon marché et bas carbone.

Crédit photo : Bruno Conty – EDF



Le chauffage gaz représente 40 % (gaz + PGL) ; le fioul, 16 % ; le bois, le 27 %

Par Boris Le Ngoc (SFEN)

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