Les Français et le nucléaire : quelles connaissances et perceptions ? - Sfen

Les Français et le nucléaire : quelles connaissances et perceptions ?

Publié le 22 octobre 2019 - Mis à jour le 28 septembre 2021
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Dans un contexte de projet de loi énergie-climat et de débats, la question du nucléaire et de sa place dans le mix énergétique de demain est centrale. Le groupe Orano a sollicité l’institut BVA pour  recueillir la perception des Français sur le nucléaire et mesurer leurs connaissances dans ce domaine.


Acteur majeur du secteur nucléaire et donc de ce débat, Orano a souhaité prendre le temps d’écouter les Français sur leur perception de l’énergie nucléaire. Il s’agissait aussi de mesurer leurs connaissances sur différents aspects de cette industrie : l’emploi généré, son coût, l’environnement. Une enquête a été réalisée avec l’Institut BVA auprès de 3 000 Français [1] âgés de 18 ans et plus, interrogés en avril 2019.

Les résultats de l’étude montrent que le nucléaire reste encore perçu de manière majoritairement positive par les concitoyens et qu’il fera partie du mix électrique futur, malgré la persistance de nombreuses idées reçues à son sujet.

Ces dernières illustrent le besoin de pédagogie dont doivent faire preuve les acteurs publics et privés du secteur pour permettre au débat public en cours de se dérouler dans les meilleures conditions possibles.

Pour les Français, le nucléaire est un atout à plusieurs titres

L’enquête montre que pour 47 % des Français, le nucléaire est un atout pour le pays. C’est 13 points de plus que ceux qui le voient comme un handicap (34 %). Parmi les arguments décrits comme les plus convaincants pour expliquer cette position, on trouve l’indépendance énergétique de la France (46 % des sondés l’identifient comme l’un des trois arguments les plus convaincants et l’associent vraisemblablement à la souveraineté du pays), le savoir-faire industriel français et ses capacités d’exportation (33 %), et les créations d’emplois.

La capacité à générer de l’emploi est en effet une force particulièrement identifiée par les Français. Le secteur nucléaire est ainsi perçu comme créateur d’emplois par 56 % d’entre eux, un chiffre qui monte à 67 % auprès des jeunes (18-24 ans). À noter toutefois que les Français sous-estiment le poids de l’emploi et de l’économie du nucléaire en France. En effet, 64 % des Français pensent que le secteur emploie moins de 200 000 personnes, alors qu’il emploie en réalité 220 000 personnes, dans 2 600 entreprises. Les Français placent à juste titre l’exploitation des sites nucléaires comme l’activité de la filière la plus susceptible de créer de l’emploi, pour 39 % des sondés. Vient aussi la recherche et le développement sur le nucléaire (27 %), bien avant le démantèlement (seulement 10 %). En effet, sur le site du Tricastin par exemple, les activités d’Orano et de la centrale nucléaire d’EDF comptent à elles seules 6 500 emplois directs et indirects. A contrario, une centrale nucléaire en démantèlement représente dix fois moins d’emplois qu’une centrale en exploitation.

Le nucléaire, la perception d’une énergie d’avenir

Les Français perçoivent le nucléaire comme une énergie d’avenir, faisant partie intégrante du futur mix énergétique. Une majorité d’entre eux considère que sa part restera stable ou augmentera dans les années à venir, en France (54 %), en Europe (52 %) et dans le monde (61 %). L’association qu’ils font du nucléaire à des technologies de pointe comme l’aérospatiale (pour 67 % des sondés), le médical (66 %), et dans une moindre mesure l’automobile (38 %), indique que cette énergie reste une force d’innovation et d’expertise. 54 % des Français estiment par ailleurs qu’un mix nucléaire et énergies renouvelables va se développer dans l’hexagone, contre un quart qui se positionne pour une production à partir exclusivement d’énergies renouvelables.

Des idées reçues sur le nucléaire, occultant ses atouts

Le rôle du nucléaire dans la lutte contre le réchauffement climatique est méconnu des Français, qui partagent encore certaines idées reçues sur cette énergie. 69 % d’entre eux estiment que le nucléaire contribue à la production de gaz à effet de serre et au dérèglement climatique, alors qu’il représente la première source d’énergie décarbonée en France, au même niveau que l’éolien (12 g CO2/kWh). Cette perception est partagée principalement par les jeunes de 18 à 34 ans, pour 86 %, et par les femmes pour 79 %. Des idées reçues demeurent sur les énergies fossiles, encore perçues comme non contributrices de gaz à effet de serre : le charbon est cité par 11 % des sondés, le gaz et le pétrole par 10 %, alors que ces énergies sont la principale cause du réchauffement climatique.

Le nucléaire est reconnu par la communauté scientifique pour ses faibles émissions de gaz à effet de serre, et sa capacité à lutter contre le réchauffement climatique. Le nucléaire a permis d’éviter l’équivalent de 5 ans d’émissions du secteur électrique dans le monde depuis 1970 [2]. À l’échelle européenne, à l’exception de la Norvège qui dispose d’un potentiel hydraulique unique, les pays qui ont réussi à décarboner leur secteur électrique (Suède, Suisse, France) combinent nucléaire et renouvelables (hydroélectricité principalement). D’ores et déjà, grâce au nucléaire, la France dispose d’une électricité bas carbone à plus de 93 % [3]. C’est le pays industrialisé le moins émetteur de CO2 par habitant (4,6 tonnes par habitant en France ; c’est deux fois plus en  Allemagne), et il fait partie des six pays ayant déjà atteint l’objectif fixé pour la décarbonation de son électricité en 2050.

Autre idée reçue sur l’énergie nucléaire : les Français estiment à 59 % la part d’électricité d’origine nucléaire en France, alors que celle-ci est en réalité de 71 %. De même, plus de deux Français sur trois pensent que le nucléaire est une énergie chère à produire (68 %), et que l’électricité française est plus chère ou aussi chère que celle des autres pays européens (67 %). En réalité, le nucléaire permet aux Français de bénéficier des prix de l’électricité les plus bas d’Europe de l’Ouest [4].

Par exemple, un ménage allemand paye son électricité près de 70 % plus cher qu’un ménage français. Le prix de l’électricité est un facteur clé de compétitivité, qui profite à l’ensemble de l’industrie et contribue à lutter contre les délocalisations. Le prix de l’électricité pour les industriels en France est en effet, grâce au nucléaire, 25 % moins cher que le prix moyen européen.

Des connaissances sur le recyclage des combustibles et les déchets

La question du recyclage des combustibles, l’une des activités d’Orano, est globalement connue : 61 % des Français pensent, à juste titre, que le combustible utilisé dans les centrales nucléaires pour produire de l’électricité peut être recyclé. De même, pour 63 % des Français, le recyclage doit permettre de réduire la dangerosité des déchets, et pour 46 % de réduire le volume des déchets.

Focus sur les riverains des sites nucléaires

Le groupe Orano étant très ancré dans les territoires, notamment dans les régions de la Hague (Manche), du Tricastin (Drôme) et de Marcoule (Gard), un échantillon représentatif de personnes habitant à proximité de ces sites a été pris en compte. L’enquête fait ressortir que ces personnes ont à la fois une meilleure connaissance du secteur et une plus grande conviction de ses bénéfices, tant sur les enjeux économiques qu’environnementaux.

Par exemple, alors que 69 % des Français estiment que le nucléaire contribue au dérèglement climatique, ils sont respectivement 14 points (la Hague) et 8 points de moins (Tricastin/Melox) parmi les riverains des sites. Concernant l’image de l’industrie, alors que 47 % des Français considèrent que le nucléaire est un atout, 71 % des riverains des sites de la Hague et 62 % des riverains du Tricastin/Melox ont une vision positive de l’industrie et mettent plus particulièrement l’accent sur son apport en termes d’emplois.

En matière de confiance, alors que 52 % des Français font du risque d’accident un des principaux arguments d’opposition au nucléaire, ils sont 77 % (la Hague) et 68 % (Tricastin/Melox) de riverains à considérer ces sites comme sûrs. Enfin, la gestion des déchets est une préoccupation partagée par tous les répondants (56 % de l’ensemble, 53 % à la Hague et 60 % près du Tricastin/Melox). Une large majorité des répondants (61 %) estime que le recyclage des combustibles nucléaires est possible. Cette proportion atteint 83 % pour les riverains du site Orano la Hague.


 
A retenir

↦ Le nucléaire est perçu comme un secteur économique important.

↦ Le nucléaire n’est pas considéré comme un atout en termes de coût de production.

↦ Le nucléaire est perçu plutôt négativement sur le plan environnemental.

↦ Les Français pensent que le nucléaire sera toujours utilisé à l’avenir, avec les énergies renouvelables.

 


2 405 répondants, soit un échantillon national représentatif.

Agence internationale de l’énergie (AIE).

RTE 2018.

Eurostat 2018.


Cécile Crampon (SFEN) – Crédit photo © EDF / William Beaucardet : Centrale nucléaire de Saint-Laurent-des-Eaux vue depuis les bords de Loire.

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