Le MIT et Stanford calculent les pertes liées à la fermeture anticipée de Diablo Canyon en Californie - Sfen

Le MIT et Stanford calculent les pertes liées à la fermeture anticipée de Diablo Canyon en Californie

Publié le 10 janvier 2023 - Mis à jour le 22 décembre 2023

Selon une équipe de chercheurs du MIT et de Stanford, la centrale de Diablo Canyon, dont la fermeture est prévue en 2025, aurait pu continuer de produire de l’électricité jusqu’en 2035 voire en 2045 avec des conséquences très positives pour les consommateurs, pour le climat et pour la biodiversité.

Selon un rapport publié en novembre dernier par des chercheurs du MIT et l’Université de Stanford, la Californie devrait prolonger la durée d’exploitation de la centrale de Diablo Canyon, exploitée par PG&E. Sa fermeture en 2025 a été approuvée par le régulateur en 2018. En reportant à 2035 sa mise hors service, l’état pourrait réduire les émissions de son secteur de l’électricité de plus de 10 % par rapport aux niveaux de 2017, économiser 2,6 milliards de dollars en coûts systèmes et améliorer la fiabilité d’un réseau aux prises avec un risque de défaillance élevé voire de black-out.

Si la centrale venait à être exploitée jusqu’en 2045, les économies se monteraient à 21 milliards de dollars et, par ailleurs, 36 000 hectares de terres pourraient être préserver d’un usage dédié à la production d’énergie. L’étude a également établi que la centrale pourrait produire de l’hydrogène à un coût inférieur de 50 % à celui produit à partir de solaire ou d’éolien. En outre, la centrale pourrait être utilisée comme source d’énergie pour le dessalement d’eau de mer, ce qui augmenterait sa valeur de près de 50 %.

Premier pays nucléarisé au monde

Aujourd’hui, la centrale de Diablo Canyon (2 240 MW) fournit 8 % de l’électricité en Californie et 15 % de son électricité sans carbone. C’est la dernière centrale nucléaire californienne en fonctionnement après la fermeture prématurée de San Onofre 2 et 3 en 2013. Aujourd’hui les Etats-Unis comptent 94 réacteurs en fonctionnement, deux en construction. Plusieurs ont été arrêtés ces dernières années. Le pays reste le plus gros producteur d’électricité d’origine nucléaire dans le monde (30 % de la production mondiale) avec une capacité installée de 95,5 GW, selon les données de la World Nuclear Association (WNA). En 2019, le nucléaire représentait 19 % du mix de production électrique aux Etats Unis.

Sur le plan législatif, dans un texte de loi nommé « Infrastructure Bill » adopté par le sénat et le parlement, le Président américain Joe Biden a décidé d’un investissement pour subventionner la filière nucléaire pour un montant total de 8,5 milliards de dollars. En difficulté économique face au gaz, 6 milliards seront accordés entre 2022 et 2026 aux centrales existantes pour éviter leur fermeture prématurée. Enfin, 2,5 milliards seront alloués à la R&D des réacteurs avancés.

Par Ilyas Hanine (Sfen)

Copyright Photo : PG&E