Rosatom : un partenaire pour la filière nucléaire française ? - Sfen

Rosatom : un partenaire pour la filière nucléaire française ?

Publié le 13 mars 2018 - Mis à jour le 28 septembre 2021
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Le consortium russe Rosatom est devenu un acteur incontournable de la filière nucléaire à l’international. Il annonce un carnet de commandes important : 33 réacteurs nucléaires répartis dans douze pays du monde, hors Russie. Concurrent de la filière française sur certains projets exports, le géant russe est également un partenaire important pour les entreprises françaises avec lesquelles il souhaite renforcer ses liens.

L’ouverture internationale de Rosatom : en quête de partenariats

Comptabilisant plus de 300 filiales, Rosatom est l’équivalent d’une structure qui réunirait dans un même ensemble le CEA, EDF, Framatome et Orano. Le groupe couvre l’ensemble du cycle du combustible, développe des réacteurs ainsi que des services pour leur construction, leur exploitation et leur démantèlement. Enfin, le consortium dispose d’une activité de R&D et se positionne sur la médecine nucléaire.

À l’export, Rosatom développe uniquement des réacteurs ayant déjà été exploités sur son marché intérieur, notamment la technologie VVER (le réacteur à eau pressurisée russe). Il s’agit notamment du modèle de génération III+ VVER-1200 (également connu sous le nom de AES-2006), démarré à Novovoronezh-6 en mai 2016 et dont le deuxième exemplaire vient de diverger à Leningrad-5.

Le géant russe annonce un carnet de commandes de 130 milliards de dollars pour les 10 prochaines années. En incluant les projets en phase d’études, 40 unités sont concernées (dont 7 en Russie).

Au-delà de son marché domestique, Rosatom devra mener à leur terme plusieurs chantiers en Europe d’une part, notamment en Finlande (Hanhikivi-1) et en Hongrie (Paks-2), ainsi qu’en Turquie (quatre tranches sur le site d’Akkuyu), en Biélorussie, en Inde, en Chine, au Bangladesh, en Égypte et en Iran sur le site de Bushehr.


Pour chaque nouvelle unité construite par Rosatom, en Europe ou ailleurs, jusqu’à un milliard d’euros irait à des technologies françaises


Quelles opportunités pour quels projets ?

Un carnet de commandes qui conduit Rosatom à nouer des partenariats avec un certain nombre d’acteurs étrangers. Dans ce contexte, les partenaires français apparaissent comme les premiers fournisseurs de gros composants de Rosatom. Ainsi, dans le domaine I&C (Instrumentation & Contrôle), Rosatom a passé des contrats de fournitures avec des sociétés françaises (Framatome et Schneider Electric) pour quasiment toutes les nouvelles unités VVER et celles en modernisation.

Concrètement, Framatome a fourni le système de protection pour le nouveau Novovoronezh-6 (premier VVER-1200 en Russie), ainsi que plusieurs autres unités construites et en prolongation de la durée d’exploitation. En Finlande, Rolls-Royce (ex-Schneider Grenoble) et Schneider Electric ont été retenus pour la conception et le déploiement des systèmes d’automatismes de la centrale Hanhikivi-1. Rolls-Royce sera le fournisseur principal, notamment du système de protection, tandis que Schneider Electric sera en charge de la solution I&C. En Finlande encore, mais aussi en Turquie et en Hongrie, les centrales en construction seront équipées de la turbine Arabelle produite par General Electric (ex-Alstom).

Des grands groupes français comme Vinci, Bouygues, Assystem, Bureau Veritas, Dassault Systèmes sont également impliqués dans les projets export de centrales nucléaires de Rosatom.

La supply chain française n’est pas en reste. Les entreprises prestataires s’intéressent à tous les marchés accessibles, y compris les projets VVER de Rosatom à l’export. Le GIIN [1] a ainsi répertorié les différentes références des entreprises prestataires françaises sur des projets russes dans le monde. Plus de 50 prestataires ont fourni à ce jour des solutions sur une soixantaine de réacteurs russes. Des solutions proposées depuis la France et mettant en avant le savoir-faire de la supply chain française.

In fine, selon Rosatom, pour un projet VVER générique réalisé en Europe, près de 80 % de son coût reste en Europe sous forme de contrats d’équipements, d’ingénierie, de services et de construction. Ainsi, pour chaque nouvelle unité construite par Rosatom, en Europe ou ailleurs, jusqu’à un milliard d’euros irait à des technologies françaises.


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Rosatom mise aussi sur le digital

En quête d’innovations, Rosatom a, comme la filière française, « la fibre digitale ». S’il est particulièrement attaché à ses activités traditionnelles, le groupe russe fait aussi le pari de projets innovants qui font l’avenir de la filière : en première ligne, les jumeaux numériques. La technologie PLM Multi-D développée par ASE (division d’ingénierie de Rosatom) depuis 2008 en coopération avec le français Dassault Systèmes, simule, avant même la construction de la centrale, tout le processus de design et de développement. Cette solution permet de gérer la conception, la construction, l’exploitation et les modifications des installations de grande envergure dans le domaine nucléaire et dans d’autres secteurs industriels clés. Autre projet qui va révolutionner la filière, grâce à la fermeture du cycle de combustible, les réacteurs à neutrons rapides de génération IV. Rosatom travaille étroitement avec le CEA, notamment dans le cadre d’un contrat signé en 2017 portant sur la réalisation d’expériences à l’aide du réacteur de recherche à neutrons rapides BOR-60 situé à l’Institut des réacteurs nucléaires (NIIAR) de Dimitrovgrad.


Groupe intersyndical de l’industrie nucléaire.


Par la rédaction

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