Taxonomie. Dix pays européens soutiennent l’inclusion du nucléaire - Sfen

Taxonomie. Dix pays européens soutiennent l’inclusion du nucléaire

Publié le 19 octobre 2021 - Mis à jour le 5 novembre 2021
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L’objectif de la taxonomie européenne est d’orienter les investissements vers certaines activités considérées comme vertes et atteindre les objectifs climatiques de l’Europe. Dix pays dont la France viennent de se positionner en soutien de l’atome, tandis que cinq autres, dont l’Allemagne, s’y opposent formellement.

Jusqu’alors l’inclusion du nucléaire dans la taxonomie – cette liste d’activités vertes définie par l’Union européenne – était une bataille menée frontalement par deux pays. D’un côté, la France qui y est favorable. De l’autre, l’Allemagne qui s’y oppose. L’enjeu est de taille puisqu’il s’agit d’attirer les investisseurs à financer certains projets jugés favorables au climat, sans créer de dommages globaux à l’environnement. Peu à peu, derrière ces deux pays, les autres Etats de l’Union commencent à choisir leur camp.

Du côté des pays favorables à l’inclusion du nucléaire dans la taxonomie, on compte désormais dix membres. Dans une tribune, publiée dans des quotidiens européens dont le Figaro en France, les ministres de l’Économie et de l’Énergie de Bulgarie, Croatie, Finlande, France, Hongrie, Pologne, Roumanie, Slovaquie, Slovénie et République tchèque demandent à « faire appel à nos meilleures armes pour décarboner notre économie ». L’Estonie n’a pas signé mais semblent désormais prête à rallier ce camp.

 

 

Cinq Etats opposés

Ils plaident : « Depuis plus de 60 ans, l’industrie nucléaire européenne a prouvé sa fiabilité et sa sécurité. C’est l’un des secteurs les plus réglementés au monde, avec 126 réacteurs en exploitation dans 14 pays européens ». Ils ajoutent : « Il est absolument nécessaire que l’énergie nucléaire soit incluse dans le cadre taxonomique européen d’ici la fin de 2021 ». Cette date correspond à la date attendue de publication des actes délégués de la taxonomie, des sortes de décrets d’application, qui trancheront les cas du nucléaire et du gaz.

En face, on trouve un camp antinucléaire dans la taxonomie : l’Allemagne, l’Autriche, le Luxembourg et dans une certaine mesure l’Espagne et le Danemark. Ceux-ci avaient adressé, en juillet dernier, une lettre commune à la commission européenne. « L’énergie nucléaire est incompatible avec le principe de ‘Do not significant harm’ (ne pas nuire significativement) du règlement de taxonomie ». Ils ajoutent : « Nous craignons que l’inclusion de l’énergie nucléaire dans la taxonomie ne porte atteinte de façon permanente à son intégrité, sa crédibilité et donc son utilité ».

Reconnaître l’apport du nucléaire

Le fait est que la Commission européenne a pris en compte l’avis de son centre de recherche commun pour juger de compatibilité du nucléaire avec la taxonomie. « Les analyses n’ont révélé aucun élément scientifique prouvant que l’énergie nucléaire est plus nocive pour la santé humaine ou l’environnement que les autres technologies de production d’électricité », a écrit le conseil scientifique.

Du côté de la Commission européenne, on commence à sortir de sa réserve. Interrogé sur LCI au sujet des annonces d’Emmanuel Macron sur le nucléaire dans le cadre de France 2030, Thierry Breton, commissaire européen à l’industrie, tranche : « On a un objectif : atteindre le 0 carbone en 2050 […] Ceux qui s’imaginent qu’on va pouvoir l’atteindre en se passant du nucléaire font fausse route ». Quant au vice-ministre Valdis Dombrovskis, il déclarait récemment en marge d’une réunion de l’Eurogroupe : « Il est important que nous reconnaissions le rôle de l’énergie nucléaire en tant qu’énergie à faible émission de carbone dans le mix énergétique global et dans notre effort de décarbonation ».

La décision finale sur la taxonomie risque toutefois de se faire attendre. La publication des actes délégués a été repoussée en raison de la crise des prix de l’énergie. La commissaire européenne aux finances, Mairead McGuinness, a expliqué au Financial Times qu’ »il y aura plus de pression pour résoudre ce problème ». Elle ajoute : « Nous n’avons pas de solution toute faite parce qu’il s’agit, à la fois techniquement et politiquement, d’un de ces problèmes où les points de vue sont très partagés ».

La rédaction Sfen. Crédit photo ©Shutterstock.

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