Que fait-on des déchets nucléaires ? - Sfen

Que fait-on des déchets nucléaires ?

Publié le 7 octobre 2020 - Mis à jour le 23 avril 2021
Vos questions

On entend souvent dire que « Le problème du nucléaire, c’est les déchets ». Mais la question des déchets nucléaires et leurs gestions est prise en charge par les exploitants, les autorités et l’État depuis bien longtemps.

Si 62 % des déchets radioactifs produits en France sont issus de l’industrie nucléaire (exploitation de centrale nucléaire, de laboratoire de recherche, etc.), 38 % sont produis par d’autres secteurs comme la médecine (sources radioactives utilisées pour des examens type scintigraphie ou des traitements) ou encore la Défense.

A la différence des autres filières électrogènes comme le gaz, le charbon ou le fioul qui ne gèrent pas le CO2 (déchets) qu’elles génèrent, la filière nucléaire trie, retraite, recycle, stocke et surveille ses déchets.

Un déchet nucléaire, ça se recycle aussi !

Jusqu’à 96 % du combustible usé issu d’un réacteur nucléaire peut être recyclé. En France, le recyclage des déchets nucléaires permet d’économiser les ressources en uranium naturel et de diviser le volume des déchets par 5 et leur radioactivité par 10. La France est le seul pays à disposer de cette technologie. Certainement la Chine demain.

90% des déchets radioactifs sont à « vie courte »

Chaque année en France, la production de déchets radioactifs issus de l’industrie et de la médecine est, rapportée à la population, de 2 kg de déchets radioactifs (dont 5 g concentrent 97% de la radioactivité) par an et par habitant. Dans le même temps, les déchets toxiques industriels représentent chaque année l’équivalent de plus de 100 kg par habitant.

90% des déchets radioactifs sont dits « à vie courte ». Cela veut dire que leur radioactivité décroît de moitié en moins de 30 ans. Contrairement aux produits chimiques dont la toxicité reste stable dans le temps, la radioactivité décroît naturellement. Dans 300 ans, ces déchets « à vie courte » auront une radioactivité comparable à la radioactivité naturelle.

Stocker pour protéger l’environnement et les générations futures

La gestion des déchets nucléaires est encadrée par la loi du 28 juin 2006 relative à la gestion durable des matières et déchets radioactifs. La loi fixe plusieurs principes : la protection de la santé des personnes et de l’environnement, la réduction de la quantité et de la nocivité des déchets radioactifs, la prévention ou limitation des charges supportées par les générations futures et le principe « pollueur-payeur » qui prévaut en droit de l’environnement.
Le prix de l’électricité nucléaire intègre les coûts du démantèlement des centrales nucléaires et de la gestion à long terme des déchets. De même, les producteurs de déchets nucléaire ont l’obligation de prévoir des provisions en vue de leur gestion à long terme.

Des solutions de stockage sûres et durables

Selon le type de déchets, à vie longue, à vie courte, à radioactivité élevée ou faible, le traitement sera différent.
Les déchets de très faible radioactivité sont conditionnés dans des big-bags ou des casiers métalliques et stockés sur le lieu de production et dans un centre dédié.

Une partie des déchets moyennement radioactifs est solidifiée ou compactée pour réduire le volume. Ils sont ensuite placés dans un conteneur en métal ou en béton et enrobés avec du béton. Un tel « colis » est composé de 15 à 20 % de déchets radioactifs et de 80 à 85 % d’enrobage. D’autres déchets moyennement radioactifs sont compactés sous forme de galettes placées dans des colis en béton ou en métal et entreposés sur les sites où ils ont été conditionnés. Cette catégorie de déchets est généralement à vie courte (période limitée à 30 ans pour les radioéléments, Cf. césium 137, strontium 90).

Les déchets très radioactifs à vie longue sont les résidus non réutilisables obtenus lors du retraitement des assemblages de combustible usés. Ils représentent de 3 à 5 % du combustible usé et 0,2 % de l’ensemble des déchets radioactifs français. Ils sont traités, incinérés, incorporés dans une pâte de verre en fusion puis coulés dans un colis en inox. Un tel colis contient environ 400 kg de verre pour environ 11 kg de déchets. En attendant la création du centre de stockage profond Cigéo, ils sont entreposés sur les sites où les colis sont produits.

CIGEO, une solution de stockage à très long terme

Si 90% des déchets radioactifs français disposent déjà d’une solution de stockage définitive, il reste à définir une solution pérenne pour les déchets de haute activité à vie longue. Ces déchets sont produits par la production d’énergie nucléaire, la Défense nationale, l’industrie, le secteur de la santé et la recherche. Certains resteront dangereux encore 100 000 ans.

La solution de leur stockage profond a été retenue par le Parlement en 2006. C’est le projet de Centre industriel de stockage géologique Cigéo, développé par l’Agence nationale pour la gestion déchets radioactifs (Andra), et qui a fait l’objet déjà de plusieurs débats publics impliquant l’ensemble des parties prenantes. Sous réserve des autorisations accordées, la construction de Cigéo devrait commencer aux alentours de 2025.

D’autres pays, comme la Suède et la Finlande, s’engagent également vers cette solution de stockage profond qui permet d’assurer à long terme la sûreté des déchets, tout en limitant les charges pour les générations futures.